Le Pompier pyromane ou l’arroseur arrosé ?
Dans un article paru récemment dans la presse nationale à l’occasion du Salon du Cheval, M. de Guénin, directeur général de l’IFCE interrogé, soulignait le paradoxe de l’équitation française qui voit le nombre de ses pratiquants augmenter d’année en année avec plus de 700.000 licenciés aujourd’hui (3ème fédération sportive française) alors que l’élevage de chevaux de sport traverse une grave crise en France avec une baisse du nombre d’éleveurs (6% d’emploi perdus) et une chute des naissances de 9% à 14.400 poulains en 2010 et ce alors que le cheval de Selle français est reconnu comme l’une des toutes premières races au monde.
Moyennant quoi le nombre de chevaux étrangers importés en France augmente chaque année (près de 5.000 en 2010 soit + 73% par rapport à 2005).
C’est tout à fait normal, les haras nationaux, contrairement à d’autres espèces comme les bovins, n’ont jamais adopté de programme d’élevage pour les chevaux de sport, et ont cherché exclusivement et ce pendant 50 ans à faire saillir leurs propres étalons à des prix très en dessous du prix de revient, sans se préoccuper et de la qualité de leurs étalons, et de la jumenterie, ce qui a eu comme conséquence une surproduction de mauvaise qualité, et donc aujourd’hui invendable.
Le privé ayant attaqué devant les tribunaux les haras nationaux pour concurrence déloyale, les haras nationaux ont été dans l’obligation de s’aligner sur l’étalonnage privé, à l’exception de la race anglo-arabe, qu’ils ont réussi à anéantir en partenariat avec son association de race, l’ANAA !
Les haras nationaux n’ont donc jamais favorisé la valorisation des équidés et concouru à la politique d'orientation de l'élevage qui constitue l'une de leurs raisons d'être, mais n’ont fait que favoriser leur « boutique » pour conserver leur pouvoir régalien (se référer au livre de Guy Bideault, ancien directeur du haras de Saint-Lô « Le haras de Saint-Lô à la fin du XXème siècle »).
D’où l’invasion de chevaux étrangers à un meilleur rapport qualité-prix !
L’IFCE qui dispose d’un confortable budget (48 millions d’euros de subventions et 27 millions de recettes propres en 2010) et dont l’une des principales missions est de : ‘’Favoriser la valorisation des équidés et concourir à la politique d’orientation de l’élevage et de l’utilisation des équidés’’ ne devrait-il pas se poser des questions quant à sa responsabilité dans les difficultés que rencontre la filière et qui ne font qu’empirer depuis de nombreuses années.
Les conditions plus que discutables sur le plan de la communication et de la transparence dans lesquelles sont en train de se dérouler le transfert des différents haras et stations de montes appartenant à l’IFCE par le GIP France Haras au profit de divers repreneurs privés risquent de nous conforter dans l'idée que nous nous faisons des priorités de l’IFCE en matière d’élevage.
Mais c’est un sujet brulant que M. de Guénin connaît parfaitement et qu’Infos « Jac déchainé » ne manquera pas d’aborder quand le moment sera venu.